Station 7 - les Séquoias : Arbres Monde

Les Séquoias : Arbres Monde

En quelques mots

Au 19e siècle, l'arbre joue un rôle essentiel dans l’aménagement des villes. Il souligne les grands axes et abrite les promenades. L'engouement pour l'horticulture et l'arboriculture mène, dans les années 1830, à la fondation de nombreuses sociétés savantes qui introduisent de nouvelles espèces végétales. Le séquoia géant (Sequoiadendron giganteum) est découvert en 1831 aux Etats-Unis par David Douglas, mais il faut attendre 1853 pour le voir se développer en Angleterre, en Belgique et en France. Alphonse Mas, pomologue et président de la Société d’horticulture de l’Ain en 1851, s'intéresse à la flore américaine et plante de nombreux séquoias en Bresse. Le trio d’arbres plantés à Montrevel-en-Bresse date de cette époque d'émulation botanique et pourrait être les vestiges d'une propriété cossue. Ces séquoias, sans doute plus nombreux qu’aujourd’hui, situés aux deux angles d'une allée devaient marquer l'entrée principale de la propriété.

Pour aller plus loin

Au 19e siècle, l’arbre tient une place incontournable dans les programmes d’aménagement des villes. Il souligne les grands axes, abrite les promenades et gagne souvent le titre de pièce maîtresse des nouveaux squares et grandes propriétés. Cet engouement pour l’horticulture et l’arboriculture voit, dans les années 1830, la fondation de nombreuses sociétés savantes spécialisées qui introduisent de nouvelles espèces. C’est dans ce contexte que le séquoia géant (Sequoiadendron giganteum) est découvert en 1831 par David Douglas (1799-1834), l’un des premiers explorateurs botanistes des forêts de la Sierra Nevada en Californie. Mais il faut attendre 1853 pour le voir se développer en Angleterre, en Belgique et en France. Dès 1876, les spécialistes attestent de sa croissance rapide « puisqu’en onze ans, les premiers semis faits à Paris ont atteint une taille de 5 mètres ». Dans le département de l’Ain, Alphonse Mas (1817-1875), célèbre pomologue et président de la Société d’horticulture nouvellement créée en 1851, s’intéresse particulièrement à la flore américaine et est à l’origine de nombreuses plantations de séquoias en Bresse. Le trio d’arbres plantés à Montrevel-en-Bresse, dans l’actuel parc du centre culturel Louis Jannel, date certainement de cette époque d’émulation botanique.

On raconte que cet arbre millénaire à l’écorce cannelle et à haute teneur en tanin qui décourage insectes, champignons et bactéries, doit son nom à Sequoyah ou See-quayah (1777-1843), "un indien de la tribu des Cherokee qui apprit le premier aux naturalistes l’existence d’arbres hauts". A moins que cette étymologie ne soit attribuée au botaniste autrichien, S. L. Endlicher (1804-1849), directeur du jardin botanique de Vienne, qui publie en 1847, un ouvrage sur la classification des conifères, « Synopsis Coniferum ».

Véritable titan des forêts, les fossiles témoignent de la présence de ces arbres géants en Europe et en Amérique du Nord pendant le Jurassique et le Crétacé, il y a environ 200 millions d'années. Disparu d’Europe au cours de la dernière ère glaciaire, le séquoia a survécu au-delà de l’Atlantique. Aujourd’hui encore, les Tolawas, tribu amérindienne, perpétuent le souvenir du mythe fondateur du séquoia géant - pilier du monde, autour duquel tout a été créé :  « Au commencement, il n’y avait que l’eau et les ténèbres. Alors le Créateur conçut de faire venir le monde à l’existence. Au centre du monde se tenait le Premier Séquoia sous lequel étaient visibles les races de tous les animaux dont le Créateur avait aussi conçu l’existence » (in « Éloge des arbres », Andrée Corvol). Le séquoia est aussi appelé « l'Arbre Phénix » pour sa faculté à résister aux incendies et à « renaître de ses cendres ». Aux Etats-Unis, Le spécimen le plus connu est le « General Sherman » - situé dans le parc national de Sequoia en California - un colosse âgé de plus de 2300 ans, haut de 84 mètres et doté d’une circonférence de 31 mètres pour un poids total estimé à plus de 2 000 tonnes.

Les spécimens sont encore au stade de l’enfance : « Ils pourraient en effet être le reste d’une propriété assez cossue, bâtie à la fin du 17e siècle et encore existante à l’heure actuelle (elle n’apparaît pas sur le plan de 1746 mais est présente sur le cadastre de 1809). Cette habitation, construite en carrons savoyards (certainement récupérés des remparts) est toujours existante aujourd’hui, elle se situe aux 6 et 7 place du 3 septembre (parcelles 836 et 830 du cadastre napoléonien). Il est probable qu’un propriétaire, dans le courant du 19e siècle, ait fait cette plantation en bout de sa propriété, aux deux angles d’une allée dont l’actuelle rue Comte de Montrevel a repris approximativement le tracé. Il devait s’agir là de l’accès principal à cette propriété. Ces séquoias, sans doute plus nombreux qu’aujourd’hui, marquaient l’entrée ; dans le même temps, l’effet arboré de cette essence « à la mode » devait être plaisant à observer depuis l’habitation. Il est possible d’imaginer que d’autres essences, plus basses, réunies en quelques bosquet, devait compléter ce petit parc à l’anglaise » (Romain Piquet_Patrimoine des pays de l’Ain).

Sources :
  • Patrimoine des Pays de l’Ain, Arbres remarquables de l’Ain, 2011.
  • Andrée Corvol, Éloge des arbres, Éd. Robert Laffont, 2004
  • Percheron, Bénédicte. « Les sociétés savantes d’histoire naturelle : les arbres et la ville (1800-1940) », in La nature en ville, édité par Patrick Matagne, LISAA éditeur, 2022, https://doi.org/10.4000/books.lisaa.1793.
  • https://www.geo.fr/environnement/le-sequoia-geant-une-merveille-vegetale-aux-dimensions-vertigineuses-205886
  • https://www.zoom-nature.fr/sequoia-histoire-dune-mystification/