Station 3 - au temps des foires et marchés

Station 3 - au temps des foires et marchés

En quelques mots

En 1855, Montrevel se dote d’une halle aux grains construite sur la place de la Promenade, actuelle place de la Grenette. Le bâtiment est construit en lieu et place de l’église interdite, élevée en 1717 par les habitants du bourg dans l’espoir que Montrevel, jusque-là simple hameau de Cuet, devienne paroisse. Affectée à l’exposition et vente des grains et farines de toutes espèces, la grenette est composée de magasins d’entrepôts, d’un poids public et d’un logement pour le receveur, ou préposé à la halle, chargé de percevoir les droits, tenir les registres, surveiller les mesureurs et les porte-sacs et veiller à l’ordre et à la bonne conduite des marchés. En 1946, la démolition de la grenette est programmée

Pour aller plus loin

La vie quotidienne dans l’Ain au temps de Napoléon est scrupuleusement consignée dans un ouvrage de référence intitulé Statistique générale de la France. Département de l’Ain. Publiée à Paris en 1808 « par ordre de sa majesté l’Empereur et Roi », cette étude est dressée par Joseph-Charles Bossi, alors préfet de l’Ain. Dans cette monographie aindinoise, l’auteur consacre quelques pages à Montrevel-en-Bresse, cette « petite ville qui ne contient que 80 maisons réunies dans l’enceinte des anciens murs de remparts ». « On y tient tous les mardis un marché très fréquenté par les habitants du canton qui y font un commerce de volailles […]. Il y a aussi un petit marché tous les vendredis de chaque semaine pour la vente des veaux et des chevaux […]. Il se tient à Montrevel quatre foires par années où l’on fait un commerce considérable de gros bétail. »

Ainsi, dès le début du 19e siècle, Montrevel est une étape incontournable pour qui veut vendre ou acheter toutes sortes de denrées. Dès 1784, le marché du mardi à Montrevel fait partie des neuf autorisés en Bresse, rendez-vous hebdomadaire qui sera doublé en 1822 (mardi et vendredi). La ville organise aussi six foires annuelles dédiées aux « bestiaux, marchandises de toutes espèces, mercerie, objets nécessaires aux habitants des campagnes ». En 1867, un arrêté est pris afin « d’assigner à chaque genre d’étalage l’emplacement qu’il doit occuper, de fixer les heures auxquelles les marchés doivent s’ouvrir et les limites dans lesquelles ils doivent se tenir ». Ainsi, les marchands d’étoffes, de quincaillerie, de mercerie et de chapellerie s’installent dans la rue du Château. Le marché aux volailles se tient sur la place de l’ancienne église (place du 3 septembre). Les vendeurs de laitage, beurre et œufs occupent la grande rue. Le marché aux veaux qui a lieu le vendredi, se tient sur la place de la Terrasse (place de la Résistance). Quant aux grains, ils sont vendus à la grenette, place de la Promenade. Et il n’est pas question de voir diminuer la fréquentation des marchés montrevelois. La municipalité protège jalousement son droit de foire et de marché. Les délibérations mentionnent de nombreuses demandes faites par les communes voisines pour l’établissement de marchés systématiquement refusées sous prétexte « que la multiplicité des marchés divise le nombre des acheteurs au détriment des vendeurs » (délibération du conseil municipal du 12 mars 1854).

En 1853, le maire aborde « la question si importante pour la commune et les communes circonvoisines, de l’établissement d’une grenette au chef-lieu du canton ». Le projet est approuvé. Une enquête est diligentée « sur l’emplacement qu’il conviendrait de choisir » et c’est la place de la promenade, actuelle place de la grenette, qui est désignée « à la majorité de 5 voix contre 4 ». Malgré cette faible majorité, l’emplacement est choisi, les plans de Débelay, architecte burgien, sont validés et les travaux adjugés le 1er mars 1854.

Depuis le Moyen Âge, le mot « grenette » fait référence au marché aux grains et par extension à la halle couverte qui protège les grains et les semences des intempéries les jours de marché. Le bâtiment montrevelois est construit en lieu et place de l’église neuve, élevée en 1717 par les habitants du bourg dans l’espoir que Montrevel, jusque-là simple hameau de Cuet, devienne paroisse. Mais l’église, interdite, ne sert jamais au culte. Inaugurée en 1855, la grenette est un vaste bâtiment complété de magasins d’entrepôts, d’un poids public et d’un logement pour le concierge.

Le « règlement de service et de police pour la halle aux grains du 19 août 1854 » précise que la grenette est affectée à l’exposition en vente des grains et farines de toutes espèces les jours de foires et de marchés. Il est également précisé l’interdiction formelle d’exposer cette marchandise sur la voie publique sauf dérogation du maire. Le receveur, ou préposé à la halle, est chargé de percevoir les droits, tenir les registres, surveiller les mesureurs et les porte-sacs et veiller à l’ordre et à la bonne conduite des marchés.

En 1946, la démolition de la grenette est programmée et l’espace vacant est dédié à la construction d’une salle des fêtes. Mais finalement, le conseil municipal change d’avis, prétextant que ce « magnifique emplacement serait utile à l’embellissement et au dégagement » de la cité. Le projet de salle des fêtes déménage place de la Terrasse, actuelle place de la Résistance, et la grenette est détruite quelques années plus tard (1953).

 Sources :
  • Cote F 20, Archives municipales de Montrevel-en-Bresse
  • https://www.chroniquesdebresse.fr/LES-MARCHES-DE-CAMPAGNE-DE-LA-BRESSE