Station 6 - des feux de joie aux combats de rue

Station 6 - des feux de joie aux combats de rue

En quelques mots

La place de la Résistance, anciennement connue sous le nom de place de la Terrasse, a une histoire riche. D’abord cour d’honneur du château, où de nombreuses fêtes étaient organisées,elle est rapidement utilisée pour l’organisation des foires, avant d’accueillir, à la fin du 19e siècle, l’école des garçons et la mairie. Le 3 septembre 1944, la place montreveloise se transforme en champ de bataille. Les troupes américaines tentent de couper la retraite des soldats allemands, entraînant des combats intenses et des bombardements. Aujourd’hui, la place est occupée par la cité administrative dont une salle, inaugurée en 2019, perpétue le souvenir de Marcel Pacaud, jeune résistant du Secteur C7 de Montrevel, tué au combat à la Leschère, commune de Marsonnas, le 10 juin 1944.

Pour aller plus loin

Le 9 février 1752, les habitants de Montrevel se réunissent sur la terrasse du château, actuelle place de la Résistance, pour fêter les « épousailles de leur seigneur ». Près de deux cents ans plus tard, le 3 septembre 1944, la place montreveloise se transforme en champ de bataille entre troupes allemandes et américaines.

D’abord appelée « place de la Terrasse » ou « Terrasse », l’espace aujourd’hui occupé par les bâtiments et le parking de la mairie est, jusqu’à la Révolution, la haute-cour du château. Comprise entre le donjon, la muraille intérieure et l’habitation seigneuriale, cette cour est réservée au comte et à l’accueil des hôtes de marque. Bien que la famille La Baume Montrevel a, depuis le 16e siècle, quitté les lieux, les habitants restent fidèles à leur seigneur et se réjouissent à « l’annonce du mariage de Monsieur le Comte ». Deux grands « feux de joye » sont dressés, « un sur la tour, l’autre au milieu de la terrasse ». Entre messes, tirs de pétards et de fusils, et banquet, les festivités durent 24 heures et se font « entendre et apercevoir à plus de trois lieues ». Le 10 avril, Florent Alexandre Melchior de la Baume, dernier comte de Montrevel, épouse Elisabeth Céleste Adélaïde de Choiseul-Chevigny.

L’occupation de la Terrasse par les Montrevelois a sans doute commencé bien avant le témoignage que donne en 1808, le Préfet Bossi, précisant dans sa Statistique du département de l’Ain que « le champ de foire est en face de l’ancien château ». Mais, il faut attendre 1814 que la place devienne publique. Acheté par la municipalité à Claude Favier et Claude-François Blanc, tous deux acquéreurs « des restes du château », ce terrain, le seul disponible sur la commune, est destiné à accueillir foires et marchés. En 1819, des travaux de nivellement sont entrepris pour en favoriser l’accès. Mais quarante ans plus tard, « il y a nécessité à agrandir le champ de foire de Montrevel, tellement insuffisant… que les bestiaux stationnent sur les routes et même dans les rues, non sans de graves inconvénients pour la circulation et sans danger pour les personnes ». La commune fait l’acquisition d’un terrain avoisinant la place et poursuit son aménagement avec la plantation de platanes (1855 et 1861) et le forage d’un nouveau puits (1864).

L’arrivée du chemin de fer dope le développement des marchés qui exigent davantage de surface. En 1881, la place du marché (actuelle place du 3 septembre) est agrandie et en 1928, le champ de foire est transféré derrière l’église. En 1948 commence la construction de la salle des fêtes dont les travaux sont confiés à Joseph Bacconnier. L’architecte lyonnais participe à la reconstruction de la ville marquée par les combats de 1944.

Alors que l’armée allemande se replie avec des troupes en transit notamment à Montrevel, les alliés américains décident d’envoyer un groupe de reconnaissance pour couper la route de retraite sur une ligne Marboz-Montrevel-Mâcon. C’est ainsi que, le 3 septembre, la place de la Terrasse se transforme en champ de bataille entre troupes américaines du 117th Cavalry Reconnaissance Squadron et troupes allemandes de la 11.Panzer-Division. Au petit matin, les alliés surprennent les « 200 allemands qui bivouaquent » dans la ville. Des dizaines de véhicules stationnent, cachés, sous les platanes de la place de la Terrasse qui est rapidement cadenassée par les américains. Mais l’armée allemande contre-attaque sévèrement, des renforts sont envoyés et les combats font rage dans les rues et ruelles de la ville. La Grande Rue sépare les deux camps, le combat tourne au désavantage des alliés qui manquent d’hommes et de munitions. Malgré une résistance héroïque, la troupe américaine bat en retraite et la place de la Terrasse est bombardée par plusieurs tirs de mortiers. Les alliés se rendent à l’ennemi. Le lendemain, 4 septembre, les allemands ont quitté Montrevel en laissant derrière eux une ville défigurée qu’il faut reconstruire, à commencer par le nom de la place qui devient alors Place de la Résistance.

Sources :

  • Série E 378 (Bouchard, juge à Montrevel, raconte les réjouissances qui ont eu lieu en ladite ville, à l'occasion du mariage du Comte en 1752), Archives départementales de l’Ain.
  • Série N 1, Archives municipales de Montrevel-en-Bresse.
  • Série 2O 13, Archives municipales de Montrevel-en-Bresse.
  • Bossi, Statistiques du département de l’Ain, 1808.
  • Frédéric Deprun, « La 11. PZ-DIV. au combat (3) – La Bataille de Montrevel-Malafretaz, 3 septembre 1944 », in 39/45 Magazine n°306, 2012.